
L’Education Nationale (E.N.) se gère désormais comme une entreprise. Plus de postes en« stock » mais du flux tendu au jour le jour.
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, un « ex » Inspecteur d’Académie (I.A.) donnait une « règle » en s’engageant à clore l’examen de la carte scolaire en Isère, fin juin. Donc bien avant la rentrée.
Il ne procédait qu’à des ajustements début septembre : ouvertures ou non de classes attendues, levées ou confirmations de « blocages » de postes annoncés et organisés avant les congés d’été par le retrait, par anticipation, d’un enseignant.
Mais il s’engageait, aussi, à ne prononcer aucune fermeture dite « sèche » (sans anticipation par un blocage en juin) après la rentrée. C’était un progrès, car ainsi, les écoles n’étaient pas désorganisées 10 à 15 jours après la rentrée. Les élèves et les enseignants, toute l’école, étaient respectés.
Ce qui ne s’est pas produit à Prédieu …La colère des parents d’élèves était légitime.
C’est depuis environ trois ans que cette « règle » n’est plus respectée. Car il n’y a pas de « loi » dans ce domaine dans l’E.N. (Sommes-nous donc dans une zone de non droit où un I.A. fait ce qu’il veut, dans l’intérêt du service ? Mais de quel intérêt parle-t-on ?)
Si nous regardons de près la situation dans l’E.N., 3 ans, c’est la période à partir de laquelle les coupes sombres dans les budgets publics ont été annoncées au nom de la lutte contre les fameux déficits publics et quasiment … l’arrivée de Nicolas Sarkozy aux commandes.
40 700 postes vont être supprimés en seulement trois ans dans l’Education Nationale !!! Par des non remplacements de départs en retraite. Dans le primaire (maternelle+ élémentaire), l’Isère a perdu cette année 32 postes pour 883 élèves supplémentaires. Nous sommes les plus mal lotis en métropole au niveau du taux d’encadrement (rapport nombre d’élèves/nombre d’enseignants).
Conséquences ? Une augmentation sévère des effectifs par classe. Des seuils d’ouverture et de fermeture qui ne permettent plus des conditions d’enseignement de qualité. Et une ouverture de la « chasse » aux postes jusqu’à 8/10 jours après la rentrée pour répondre aux besoins les plus criants.
Pour 6 élèves perdus cet été, l’I.A. supprime donc une classe à Prédieu alors que les logements devenus vides vont sûrement être occupés à nouveau en cours d’année. Mais, nous disions … flux tendus.
Madame l’Inspectrice d’Académie a bien consulté sa calculatrice et 6 élèves de moins faisaient tomber la moyenne de l’école à 26, 75 par classe après la fermeture. Sachant que le seuil d’ouverture d’une classe en élémentaire est de 27,5 l’I.A. se sentait-elle … rigoureuse dans sa gestion ? Et les conséquences d’une telle décision sur les enfants? La « désorganisation/réorganisation » pédagogique de l’école 15 jours après la rentrée ? Les changements de maîtres ou de maîtresses auxquels on s’était déjà attachés ?
Les enseignants concernés par cette fermeture qui voient leurs conditions de travail forcément se dégrader ? Et qui se sentent comme des pions sur un échiquier que l’on déplace en fonction de quelle stratégie de crise ?
Tout cela n’a pas l’air d’affecter véritablement L’IA, le ministre et notre cher Président.
C’est la crise aussi dans la grande maison Education Nationale. Pour essayer de cacher en partie les effets de ce rouleau compresseur qu’est la politique libérale de ce gouvernement, poussée à son paroxysme, les responsables et les exécutants de cette politique inventent des leurres. Ou détournent carrément les responsabilités.
La mobilisation rapide et très forte des parents d’élèves de Prédieu a obligé l’I.A. à négocier suite à sa décision de fermeture. Ces parents-citoyens ont su également impliquer les élus de tous niveaux dans cette action, madame le Maire, les conseillers municipaux en charge du dossier scolaire, notre député.
Saluons, dans ces colonnes, la présence et le soutien de notre conseiller général Pierre Ribeaud et des nos conseillers municipaux d’opposition résidant dans le secteur de l’école qui sont restés impliqués aux côtés des parents jusqu’aux dernières heures de cette mobilisation.
Mais avec le recul on s’aperçoit que les dés de la négociation étaient douteux et que l’IA ne souhaitait pas revenir sur sa décision. Elle a mis sur la table, entre autres, le vieux serpent de mer de la révision de la carte scolaire Saint-Egrévoise.
Il y a sûrement à regarder de près le découpage actuel de nos périmètres scolaires afin « d’optimiser » l’efficience de notre carte scolaire. Déjà, des modifications ont été apportées pour renforcer le groupe scolaire Barnave avec l’apport du quartier Saint-Hugues. Une concertation initiée par les élus municipaux, élargie aux parents, aux enseignants, aux partenaires de l’école, aux citoyens doit être envisagée. Mais la pérennité de nos écoles de quartier ne tient pas que dans cet éclairage là. Sur ce point l’enjeu est simple :
Ou on donne satisfaction à l’IA, éventuellement en réorganisant le tissus scolaire saint-égrévois (regroupement/fusion de deux écoles comme la Gare et Barnave, par exemple ?). Mais alors, avec une telle « usine » et la règle des 27,5 après fermeture en élémentaire et 32 en maternelle, c’est pas une classe que l’on doit fermer mais plusieurs.
Ou on se bat au niveau de toute la commune (parents-enseignants-élus-citoyens) pour conserver les groupes scolaires au sein de chaque quartier. C’est-à-dire un service public de proximité et de qualité.
C’est la deuxième option qui l’emporte dans nos consciences.
Mais cela veut dire que l’on doit dénoncer et faire changer la politique actuelle de ce gouvernement en matière de restriction des moyens du service public, entre autres. De nombreux départements et de nombreuses communes s’engagent dans ce combat pour tout simplement conserver et développer leurs services publics (celui de la Poste est engagé !) et donc une qualité de vie digne de notre 21ème siècle.
Et pourquoi pas à Saint-Egrève ?
Eric AYRAULT
