Fréquemment, un de mes amis (Hamid Debarrah pour ne pas le nommer) a le bon goût de m'envoyer non pas le énième photo-montage sur Sarkozy, la sempiternelle pétition contre (rayez les mentions inutiles) les forages dans la Cordilière des Andes, les OGM, la présence des Chinois au Tibet, mais de vraies curiosités, pleines d'ironie et bourrées de talent, le plus souvent extraites du quotidien algérien El Watan, journal indépendant qui défend brillamment et courageusement sa ligne éditoriale. Même si la prison pour un article défavorable au pouvoir est un risque réel et utilisé.
Récemment, c'est un magnifique moment de bêtise qui m'a été transmis, avec une dramaturgie que Pierre Desproges n'aurait pas renié. Bravo à l'auteur du papier, M. Nadjah ! Comme je suis partageur, je vous transmets cet magnifique article dans son intégralité :
L’implacable revanche d’un chien
Les
faits se sont déroulés à Béchar. Les personnes, incriminées pour un
acte aussi odieux commis sur un chien, sont impardonnables.
Il
ne s’agit ici ni d’une anecdote et encore moins d’une histoire à faire
dormir un enfant insomniaque mais d’un fait réel, vécu il y a quelques
jours par quatre individus.
Fuyant la monotonie, la canicule insupportable et surtout l’absence
cruelle de loisirs, ces personnes décident alors d’aller passer
quelques moments aux abords des eaux fraîches du barrage de Djorf Torba
(70 km au sud-ouest de Béchar). A bord de leur voiture, il y avait un
cinquième passager : un chien apparemment dressé par son propriétaire.
Arrivés sur les lieux, les promeneurs organisent un méchoui. Ils
s’éloignent pour quelques instants pour admirer le site du barrage, en
laissant le mouton rôtir, mais le chien, profitant de cette absence de
courte durée, n’hésite pas à s’attaquer au mouton encore sur la braise.
Il s’empare le premier, avant son propriétaire et ses amis, d’une bonne
partie de la viande encore chaude, chose inadmissible et impardonnable
pour le maître du chien.
Fou de rage, celui-ci décide alors avec la complicité de ses
compagnons de punir le canidé indiscipliné, en l’aspergeant d’essence
et en le brûlant vif. Le terrible supplice subi par l’immolation pousse
le chien à courir dans tous les sens en aboyant à mort. Folle de
douleur, la pauvre bête qui agonisait horriblement et dans un instinct
de survie se réfugie, épuisée, sous le réservoir d’essence de la
voiture qui explosa instantanément laissant ses bourreaux médusés,
regrettant sans doute leur geste barbare. « Les animaux ont aussi une
âme, l’esprit de vengeance, même celui d’un chien, n’est que justice »,
ont affirmé les superstitieux en apprenant la nouvelle.
En plus du festin gâché, la vengeance de cette pauvre victime de la
bêtise humaine a été doublement pénalisante, car la voiture calcinée...
était en location !