Le twitter de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP qu'on ne présente plus, est un modèle du genre. Distribution d'éléments de langage à l'état brut (ordre anti-chronologique) :

Déjà que je doute de l'effet de tels arguments lorsqu'ils sont développés plus longuement sur des chaînes de télévision nationale, alors sur Twitter en quelques mots…
On crie à la trahison parce que Europe Écologie s'allie avec le PS ? Sérieusement, qui aurait pu croire qu'il en serait autrement ? Cela fait quinze ans que les alliances des Verts se font systématiquement avec la gauche ! Tout électeur écologiste du premier tour savait très bien que cette liste fusionnerait avec la socialiste !
Et puis, l'écologie de droite, je n'y crois pas, c'est incompatible : les désastres écologistes viennent du capitalisme.
La droite ne se sert de l'écologie que pour sa propagande, en jouant sur la peur, pour faire passer plus facilement des mesures ultra-libérales. On a bien vu le fiasco de la taxe carbone…
Pour Frédéric Lefebvre, « Europe Ecologie a vendu son âme » :
Déjà, il déforme la vérité : ces 61% ne sont pas les électeurs EÉ qui sont opposés à une fusion, mais ceux qui préfèrent le maintien de la liste plutôt que la fusion. Ce n'est pas du tout la même chose.Cela ressemble à une trahison en bonne et due forme de leurs électeurs! A une large majorité, ceux-ci sont en effet opposés à la fusion avec les socialistes (61% des électeurs d’Europe Ecologie le déclarent dans un sondage CSA publié par «Le Parisien»).
Dans la mesure où les écologistes préfèrent la gauche à la droite, cette fusion était inévitable, à cause du mode électoral qui donne une prime à la liste arrivant en tête (un quart des sièges, le reste étant réparti à la proportionnelle habituelle), ce qui encourage les alliances… sauf quand on est un parti isolé.
Ces affreuses tractations d'entre-deux-tours que dénonce désormais l'UMP, elle les a pourtant activement pratiquées, aux précédentes régionales (2004), avec l'UDF.
Cette prime au vainqueur qui lui assure une majorité absolue des sièges presque à coup sûr, on la doit d'ailleurs… à la droite, qui l'a introduite en 2003 pour éviter que se reproduise la situation de 1998, où l'absence de majorité absolue avait conduit, dans certaines régions, à une alliance avec le Front National.
Surtout, Frédéric Lefebvre aurait dû lire plus attentivement le sondage CSA qu'il cite. La dernière page de celui-ci, concernant les transferts de voix entre les deux tours, est très instructive, pour lui qui croit pouvoir récupérer les voix écologistes, et mobiliser les abstentionnistes.
Il y aurait lu que, dans le cas d'une liste de gauche unie, seuls 5% de ceux ayant voté EÉ au 1er tour choisiraient pour la liste de droite (contre 74% pour la liste de gauche). Et, comme me l'a fait remarquer Polluxe, 5%, c'est aussi la proportion des abstentionnistes qui ont l'intention de se déplacer en faveur de la liste de droite.
Je comprends qu'on veuille tenter, quand on est responsable d'un parti politique en difficulté, de mobiliser dans tous les coins pour récupérer des voix. Mais pourquoi sortir des formules stupides, qui vont contre le bon sens ?
