
Phénomène rare à Grenoble : une grande partie des spectateurs s’est levée pour applaudir les acteurs. Il est vrai qu’ils y avaient été entrainés dès le prélude par un chauffeur de salle.
Le niveau sonore intense qui a nécessité une distribution de bouchons pour les oreilles, fait ressortir les silences, le souffle d’un acteur, la tension pour deviner ce qui se trame derrière un volet roulant qui vient de s’abaisser, les petites lumières rouges des micros dans la salle plongée dans le noir. Poésie violente. L’auteur n’est pas dupe des ficelles déjà vues : des acteurs traversent la salle, se déshabillent, les changements de décor s’effectuent à vue, porte voix, paillettes et serpentins, moutons, le château gonflable est une excellente idée, et puis « ferme ta gueule !» Les mots ont beau être répétés, hurlés, scandés, ils ont beau être beaux, drôles, pathétiques, ils clignotent et se dissolvent derrière les spots braqués sur nos faces, derrière les fumées habituelles, les « splach !», maquillés de faux sang.
En effet si les effets ont été de peu d’effet sur mes émotions, j’ai été intéressé et j’ai apprécié l’implication des acteurs, les recherches du puissant metteur en scène « joyeux désespéré ».
